Dispositif original en Europe, les consultations jeunes consommateurs (CJC) ont été mises en place en 2005, dans un contexte de hausse de l’usage de cannabis, afin d’offrir un accompagnement spécifique aux jeunes usagers de substances psychoactives et à leurs familles, souvent réticents à consulter dans un centre de soins spécialisé. Depuis son lancement, ce dispositif a fait l’objet d’enquêtes régulières de l’OFDT pour caractériser le public. Après dix ans d’activité, quel bilan peut-on dresser de cette nouvelle offre de prévention et de prise en charge dédiée aux jeunes, reposant sur 540 antennes en métropole et en outre-mer ?

L’analyse repose sur la comparaison de quatre exercices d’une enquête menée par questionnaire auprès des professionnels (2005, 2007, 2014, 2015), dont la structure générale et la méthodologie ont été modifiés a minima dans un souci de comparabilité des résultats. Gage de représentativité, le taux de participation à cette enquête exhaustive s’échelonne de 77 % à 95 %.

Si le principal produit à l’origine des recours reste le cannabis (80 %), les consultations au titre d’une addiction sans produit se multiplient. Malgré la diversification des vecteurs de recrutement (en milieu scolaire, etc.), source de différenciation du public, les CJC continuent d’accueillir en majorité des jeunes majeurs (18–25 ans), de sexe masculin, orientés par la justice. Néanmoins, la part des mineurs, relativement circonscrite au départ, tend à s’accroître dès lors qu’ils sont accompagnés vers la CJC ou que la connaissance du dispositif par les parents progresse (par exemple, après la campagne de communication 2015 sur les CJC). Parmi les plus jeunes consultants, souvent encore scolarisés, on observe toujours une forte proportion d’élèves en filière professionnelle tandis que la part des chômeurs et des inactifs tend à augmenter parmi les consultants plus âgés. Moins nombreuses, les jeunes femmes présentent, à tous les âges, des profils d’usage plus sévères, en partie du fait d’un plus grand nombre de recours spontanés.

L’analyse traduit plusieurs évolutions générales à l’œuvre dans le champ médicosocial : essor des points de consultation « hors les murs » (au plus près des publics visés), judiciarisation du public, montée en charge des populations précaires, hausse des recours au titre d’une « addiction sans produit », diversification des profils malgré la difficulté persistante d’accéder à certains publics (notamment les jeunes usagers d’alcool).